L'Égo-trip d'Aventure
Je vais écrire sous vos yeux ébahis et avides de se repaître d'une autre de mes créations sensationnelles dont j'ai le secret. Ce sera un article qui ne parlera absolument de rien. Aucun sujet d'actualité, aucune prise de position sur quoi que ce soit de controversé, pas de réflexion profonde sur les grands mystères philosophiques comme la vie après la mort, le concept de Dieu ou encore le caramel dans les barres Mars. Rien que des conneries sans fond qui ne mèneront nulle part.
Vous allez peut-être dire que c'est trop facile, il est décevant, vous en avez rien à branler, et tout et tout, mais c'est comme ça. D'ailleurs je voudrais vous y voir vous non mais si vous croyez que c'est facile, essayez pour voir de raconter n'importe quoi pendant quatres pages de 60 frappes à double interligne. Alors vous voyez le topo ça fait que foutez moi la paix et lisez ce que j'ai à vous écrire. En fait il y a des trucs très simples pour remplir une page facilement mine de rien. Les parenthèses, par exemple, sont un excellent moyen d'allonger (je dit allonger mais j'aurais pu dire autre chose) un texte et ça s'insère très bien (en effet) dans n'importe quelle phrase (saviez-vous que les habitants de Trois-Rivières s'appellent les Trifluviens? Incroyable, n'est-ce pas?) même si ça n'a rien à voir. On peut aussi répéter une quinzaine de fois le même mot ou la même phrase, se répéter, expliquer et avec les mêmes mots mais dans un ordre différent, ou dans le même ordre mais avec des mots différents, radoter et radoter, tourner autour de la même idée pendant des paragraphes et des paragraphes, s'enliser dans les sables mouvants de la répétition perpétuelle et des interminables phrases parsemées d'innombrables virgules, de redondances répétitives et de pléonasmes redondants. Un autre truc très en vogue
C'est de changer de paragraphe, même en plein milieu du développement de la même idée,
Ce qui permet de sauter une ligne ou deux ni vu ni connu.
Je peut aussi me lancer dans une longue énumération de noms, de dates, de lieux, d'événements, de concepts, d'idées, de contextes, d'exemples, de choses, de machins, de trucs, de tout ce que je peut imaginer, etc... En passant, même si vous avez passé par toutes les éventualités possibles, il est toujours bon de rajouter etc... à la fin de votre liste de noms, de lieux, de dates, de machins, de contextes, de tout ce que vous pouvez imaginer, de choses, d'événements, d'idées, d'exemples, de trucs, de concepts, etc... même si vous avez déjà tout mis. Et ne reculez jamais devant une occasion de répéter votre liste de dates, de tout ce qu'on peut imaginer, d'événements, de lieux, de choses, de contextes, de noms, etc..., de concepts, de trucs, de choses, de machins, d'idées, de choses, de concepts, d'exemples, etc..., en prenant bien soin de la refaire dans un autre ordre pour que ça ne paraisse pas trop. Deux pages de faites, c'est déjà pas si mal, c'est déjà ça de fait.
Mais qu'est-ce qu'on fait quand on a passé par tous les trucs et qu'on a encore deux pages à écrire? (je m'excuse mais j'ai un cours. Je reviens dans à peu près une demi-heure)
Voilà, je suis revenu. Je m'excuse si ça m'a pris deux heures, mais le prof nous a fait un discours en long, en large et en détails, tout ça juste pour dire qu'il ne nous a pas laissé partir après avoir donné son plan de cours. Maintenant, c'est Lany qui tiens absolument à me faire lire un machin des témoins de Jéhovah ou je ne sais quoi. Bon, qu'est-ce que je disais? Ah oui, bon, quoi faire quand il nous reste une page et demie à faire (parce qu'avec toutes ces interruptions ça fait déjà une demie-page de bâclée). C'est simple, continuer à raconter n'importe quoi. J'en entends qui vont me dire que ça vaut pas la peine de gaspiller une demi-page du Mon Vieux Réal pour publier des insanités pareilles. À ceux-là je répondrai que c'est tout de même mieux que de piger au hasard dans le bulletin de la PEQ, que de laisser un espace blanc, ou pire encore de passer un article d'André Gagnon. Celui-ci va peut-être me lancer que je fais mon égo-trip, eh bien je lui répondrai qu'évidemment puisque c'est le titre. Il me dira aussi que je me vautre dans la diffamation et le potinage le plus abject. À ça, je lui répondrai merci du compliment. J'entends aussi des militants d'extrême-centre m'accuser de paresse mentale et de nullité chronique. Parfaitement d'accord, mais moi au moins c'est volontaire.
Je crois que c'est l'occasion idéale pour changer de paragraphe (du diable si je sais pourquoi).
Le plus grand danger, quand on essaye de ne rien dire pendant quatre pages, c'est justement de finir par dire quelque chose finalement. Tenez, moi qui vous écris, j'ai failli m'y laisser prendre tout à l'heure lorsque j'ai presque donné un cours en réalisation de tract militantiste à saveur politique. Ce n'est pas facile de ne rien dire, quand on a rien à dire, en ayant l'air de ne rien dire. Ça finit toujours par avoir l'air de dire quelque chose. Ces militant-e-s de l'asso m'épatent vraiment dans ce domaine. Ils-elles n'ont rien à dire, et quand ils-elles le disent, ça dit ce que ça veut dire, c'est-à-dire rien. Je dois vraiment tirer mon chapeau à ces-cettes expert-e-s qui maîtrise l'Art de ne rien dire en ne disant rien. (Tenez, un autre truc pratique: la marque du féminin; ça gruge de l'espace et ça vous donne une réputation d'ouverture d'esprit. Sans compter le comité-femmes qui ne vous brûlera pas en effigie).
Je crois que Freud avait raison. Finalement, ça restera toujours une histoire de sexe. On peut se lancer dans n'importe quel sujet lorsqu'on médite, on finit toujours avec l'image d'un cul. Les conversations les plus intellectuellement élevées cachent toujours un cruisage intensif et des arrières-pensées plus terre-à-terre. Je vous dis ça parce que depuis une heure je ne pense qu'à la petite blonde du cours d'histoire de l'arl (celui qui m'a interrompu pendant deux heures tout à l'heure) (Non ce n'est pas pour ça que ça m'a pris deux heures) Vous allez me traiter de gros phallocrate dégueulasse, mais j'y peut rien, c'est plus fort que moi (Non, je ne vous dirai pas son nom. D'ailleurs je ne le sais même pas) (Non je ne vous raconterai pas les détails. Non elle ne m'a pas fait d'avances) (Vous voyez que vous aussi vous ne pensez qu'à ça) (D'ailleurs tout ça c'est même pas vrai, c'est juste des pipes pour vous faire parler) (Celui qui a ri quand j'ai dit le mot pipes n'est qu'un demeuré) (Oui je sais, ça fait beaucoup de parenthèses) (Oui je sais, ça finit en queue de poisson) (Le demeuré qui a ri quand j'ai dit le mot queue est pire que demeuré, il est con)
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